le Nazi et le Barbier

Sous une couverture affriolante, et dans une toute nouvelle et pétillante traduction à quatre mains, Le Nazi et le Barbier entame sa résurrection en France. Ecrit à la fin des année 60 et publié en 1971 en Amérique , il arrive en France avec un nouvel éditeur, Attila.
 « Je me présente : Max Schulz, fils illégitime mais aryen pur souche... » Ainsi commence cette farce, qui met en scène un narrateur à la fois antipathique et attachant, « aryen pur souche » qui choisit, non par opportunisme mais par conviction, de suivre Hitler, d'adhérer au nazisme. Avec ferveur, il s'engage dans les SS. Le juif est l'ennemi. Le juif doit mourir. Max Schulz, méthodique, doué d'un savoir-faire diabolique, fait des exploits. Il tue, élimine tout ce qui est juif, même Itzig, son ami d'enfance. La guerre prend fin. Le voilà décrété criminel nazi. Qu'à cela ne tienne, il vole l'identité de son ami, devient plus juif que juif, sioniste militant, s'installe en Palestine dans un kibboutz, apprend l'hébreu, se fait religieux jusqu'à enseigner les textes sacrés, jusqu'à jouer au bon petit soldat de l'armée d'Israël dans une guerre contre les Arabes : « Moi-même, Itzig Finkenstein, alias le génocidaire Max Schulz, j'avais été promu sergent et j'étais vachement fier de mon grade. »
En presque cinq cents pages frénétiques, mêlant le ton badin aux mots les plus crus, les situations loufoques aux scènes les plus tragiques, Edgar Hilsenrath accomplit un tour de force, fait de l'intelligence sa grande oeuvre. Sa farce se révèle poético-politique. Avec une liberté déconcertante et ô combien salutaire, Edgar Hilsenrath affirme qu'une seule chose est pour lui sacrée. Ce n'est pas la Shoah, ce n'est pas l'horreur, mais la mémoire - le contraire de l'oubli qui fait qu'en notre pas si bonne et vieille humanité sommeille toujours le monstre.
Télérama

 Le Nazi et le Barbier, de Edgar Hilsenrat, ed. Attila

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