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2014 s'annonce riche en commémorations du centenaire de la Grande Guerre.
Vous pourrez trouver à la Médiathèque de Denney plusieurs ouvrages se rapportant à cette douloureuse période.
Voici deux coups de coeur, deux nouvelles BD à découvrir sans tarder :

Mauvais genre de Chloé Cruchaudet ed. Delcourt
A l'origine, La garçonne et l'assassin, l'essai de deux historiens (paru en 2011 chez Payot et réédité en poche il y a quelques mois) retraçant l'histoire de Louise et de Paul, jeune couple de prolétaires très amoureux dans le Paris des années 1910 et dont la vie sera bouleversée par la Grande Guerre. Au final, ce roman graphique époustouflant de finesse et d'éloquence.
 Mauvais Genre raconte comment Paul, condamné pour avoir déserté l'enfer des tranchées, décide de se dissimuler... sous les traits d'une femme. Le voilà donc qui rase sa moustache et se travestit en "petite dame" plus vraie que nature, avec la complicité et les conseils de Louise, afin de pouvoir circuler incognito. Mais vivre à deux sur la carte d'alimentation de son épouse, petite main dans un atelier de couture, "c'est pas tenable". Louise a alors l'idée de faire engager Paul, rebaptisé Suzanne, à l'atelier. Le patron comme les employées n'y voient que du feu. Mais ce rôle de composition lui pèse, et Paul se met à traîner la nuit, du côté du bois de Boulogne où les moeurs sont très libérées. Louise ne le supporte pas... Entre confusion des genres et traumatismes de la guerre, Chloé Cruchaudet restitue une histoire d'amour singulière et tragique avec un sens de la mise en scène admirable.


Pour un peu de bonheur Tome 1 et 2 de Galandon, ed.Grand Angle
Par temps de guerre, le bonheur n'a pas toujours le visage que l'on croit.

 










1919. Après six ans d’absence, Félix Castelan revient dans son village natal. Il est inquiet à l'idée de retrouver sa femme et son fils qu'il n'a pas vu grandir. Une inquiétude justifiée autant par la durée de son absence que par son nouveau visage : Félix est une Gueule cassée. Arrachée par un obus, la moitié de sa figure est dorénavant cachée derrière un masque blanc. Outre ses difficultés à renouer avec la vie civile, l'ancien Poilu apprend qu'un mystérieux tueur abat les bêtes des paysans. Vaches, moutons et autres animaux domestiques tombent sous les balles d'un tireur d'élite anonyme. A la demande du maire, un enquêteur émérite de la police parisienne, arrive au village… 

L’intérêt de Pour un peu de bonheur est d’évoquer la Grande guerre, de manière indirecte en jouant sur un registre pour le moins inattendu. Laurent Galandon choisit donc de traiter le retour au pays de ceux qui vécurent l’enfer des tranchées. Sobrement, habilement, en se jouant des clichés (les commères, l’ivrogne débile, le curé humaniste, le flic parisien…) mais sans en abuser, il brosse un portrait peu valorisant de cette France rurale pour laquelle Felix Castelan est désormais un étranger. Avec modestie et simplicité, il aborde des thèmes forts comme le regard des autres et de soi-même face à l’infirmité, l’amour trahi et le pardon, le temps et les amis perdus. Mais, en scénariste averti, il sait également donner à cette histoire du relief en mettant en scène un autre Poilu, Henri Nivoix, policier manchot rescapé de Verdun, qui enquête sur un mystérieux tireur... Au-delà d’un scénario réussi, Alexandre Daniel sait, par un graphisme et des couleurs particulièrement appropriés, mettre en évidence la complexité des sentiments des personnages… À l’évidence dessinateur et scénariste sont au diapason et confèrent à cet album une réelle profondeur.

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